Yann Leroux, psy 2.0
Docteur en psychologie, psychanalyste, Yann Leroux se décrit aussi comme "gamer" et "geek". Auteur du livre Les Jeux Vidéo ça rend pas idiot !, il se sert du jeu vidéo comme outil de thérapie sur ses patients.
Pour la plupart des gens, il peut paraître aberrant d’utiliser le jeu vidéo au cours d’une psychothérapie, comment cette idée vous est venue ?
En thérapie, je reçois essentiellement des enfants et des adolescents. Je me suis aperçu depuis une dizaine d’années, que 95% d’entre eux jouent aux jeux vidéo.
De ce constat là, il m’a paru évident qu’il fallait me servir du jeu pour nourrir une relation avec le patient et construire tout le processus thérapeutique autour de ça.
En quoi consiste cette thérapie par le jeu vidéo ?
Les jeux vidéo sont intéressants dans le cadre d’une thérapie dans deux cas différents :
Premièrement, par la médiation. Le psychothérapeute discute des pratiques vidéo ludiques du patient, à savoir combien de temps il joue et à quoi, quel pseudo il utilise etc. Le jeu vidéo est donc juste un prétexte pour aller au-delà et creuser les difficultés du patient dans sa vie actuelle.
Deuxième solution, utiliser réellement le jeu vidéo. Le patient joue sous le regard du psy, soit en groupe soit de manière individuelle. Dans ce cas, le jeu est imposé ainsi que sa durée. A chaque séance l’enfant joue à ce même jeu vidéo et ne fait rien d’autre.
Sur quel type de patient est-il nécessaire de jouer réellement aux jeux vidéo ?
Aujourd’hui dans les loisirs des enfants et adolescents, il y a nécessairement le jeu vidéo. Cette thérapie a son utilité aussi bien sur des enfants très inhibés que trop agités, ceux pour qui l’investissement de la parole est difficile ou qui restent sur la défensive face au psychothérapeute. D’un autre côté, les jeux vidéo permettent de canaliser les enfants hyperactifs étant donné qu’une phase de jeu demande une grande concentration, elle les calme inévitablement.
Cette thérapie concerne-t-elle uniquement les enfants et adolescents ?
Non, elle peut très facilement s’adapter à l’adulte. Actuellement je ne travaille qu’avec des enfants mais certains de mes collègues utilisent cette méthode thérapeutique sur des adultes, ça fonctionne de la même manière et le résultat est tout aussi convaincant.
Le jeu vidéo est un média intergénérationnel, c’est même le seul média qui peut traverser les générations.
Première industrie culturelle au monde, les jeux vidéo permettent même aujourd’hui de faire progresser la médecine, comment se fait-il qu’ils aient encore et toujours mauvaise presse ?
Malheureusement je crois que l’image du jeu vidéo n’est pas prête de changer, ça reste et restera le vilain petit canard. La plupart des jeux vidéo brassent des thèmes qu’il est de bon ton de mépriser ; violence, sexe, conflits qui n’en finissent pas. L’industrie du jeu vidéo fonctionne largement là-dessus car c’est un reflet de notre société ; violente et hyper militarisée, il faut bien que ça ressorte jusque dans nos médias.
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